Soudan du Sud : des arrestations menacent l’accord de paix

Le ministre du pétrole, Puot Kang Chol, le n°2 de l’armée du Soudan du Sud, Gabriel Duop Lam, ainsi que des proches du vice-président Riek Machar, ont été arrêtés par les forces loyales. Ces arrestations interviennent dans un contexte de tensions croissantes qui menacent la paix dans le pays.
En effet, ces dernières semaines, l’armée, située dans le Haut-Nil au nord-est du pays, affirme avoir été attaquée par un groupe armé lié au vice-président, ancien chef rebelle. Une situation qui met en péril la stabilité de cet État. Rappelons que le Soudan du Sud a signé en 2018 un accord de partage de pouvoir, dont de nombreuses modalités n’ont pas été mises en œuvre. Cet accord a mis fin à une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018.
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Dans ce contexte, les forces loyales ont arrêté Puot Kang Chol, plusieurs membres de sa famille et ses gardes du corps dans sa résidence à Juba, rapporte les médias locaux, ajoutant qu’”aucune explication ou base légale à sa détention n’a été fournie”. Ensuite, c’est au tour du général Gabriel Duop Lam d’être arrêté par le n°1 de l’armée lui-même, déclare Riek Machar, vice-président du parti politique Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition (SPLM-IO). « Cet acte met tout l’accord de paix à risque« , affirme dans un communiqué Pal Mai Deng, porte-parole du SPLM-IO, dénonçant une arrestation “illégale”. « Ces actions érodent la confiance entre les parties et ruinent les efforts de désescalade des violences actuelles qui ont éclaté dans le comté de Nasir de l’État du Haut-Nil« , poursuit le communiqué.
En Mi-février, des combats ont éclaté entre l’armée et des « jeunes armés » dans le comté Nasir, près du Soudan, tuant des civils et blessant un casque bleu, selon la mission des lations unies dans le pays. L’ONG Human Rights Watch (HRW) avait souligné à propos de ces affrontements que l’armée était engagée dans cette région dans un conflit permanent avec le SPLM-IO. De son côté, l’armée régulière a accusé le SPLM-IO de collaborer dans le Haut-Nil avec un groupe appelé « Armée blanche » pour les attaquer.
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À la fin du mois de février, plusieurs organisations multilatérales et non-gouvernementales avaient averti d’une montée de tensions dans le nord du pays, s’inquiétant d’un risque de « violence généralisée« . Mercredi, le bloc régional Igad a exprimé dans un communiqué sa « profonde inquiétude » au sujet des violences dans le comté de Nasir. Les combats « menacent de saper les gains obtenus après de longues luttes et exacerbent la situation humanitaire déjà extrême dans la région« , souligne l’Igad.
Depuis son indépendance en 2011, l’État le plus jeune du monde, riche en pétrole mais extrêmement pauvre, est en proie aux violences, sur fonds de conflits ethniques persistants. Un rapport des Nations unies publié le 28 février a déploré que les dirigeants du Soudan du Sud attisent la violence et l’instabilité de la jeune nation.