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OMP : zoom sur les dysfonctionnements des prisons marocaines

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La situation dans les prisons marocaines est toujours en dessous des attentes. Dans son rapport annuel 2021, l’Observatoire marocain des prisons affirme que les conditions générales de détentions laissent à désirer et ne répondent pas aux normes internationales. Détention préventive, surpopulation carcérale et grèves de la faim, telles sont les principales problématiques que connaissent les établissements pénitentiaires du Royaume et qui sont soulevées par l’Observatoire. Détails.

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L’Observatoire marocain des prisons (OMP) a présenté, jeudi 4 août à Rabat, les grandes lignes sur « la situation des prisons et des détenus au Maroc au titre de l’année 2021 ».

Dans son rapport, l’OMP dévoile les principales lacunes dont pâti les établissements pénitentiaires du Royaume. Il cite ainsi la surpopulation carcérale, la hausse des cas de détention préventive et l’augmentation des grèves de la faim. À noter que 77 % des détenus des prisons marocaines sont des jeunes entre 18 et 40 ans.

Lire aussi : Maroc : l’abolition de la peine de mort n’est toujours pas envisagée

Augmentation de la population carcérale face à une diminution du nombre de prisons

Le Maroc comptait, à fin 2021, 75 prisons contre 78 un an auparavant, soit une diminution du nombre d’établissements pénitentiaires. Cette baisse s’accompagne en revanche d’une augmentation progressive du nombre de détenus.

S’agissant du nombre total de la population carcérale au Maroc, il était à 88.941 personnes à fin 2021. Toutefois, la capacité d’accueil de l’ensemble de ces 75 établissements pénitentiaires ne dépasse pas les 53.956 places, soit un taux de surpopulation de 156,17 %.

Ce dysfonctionnement touche plusieurs régions du Royaume. La région de Marrakech-Safi arrive en première place avec un taux de 154,31%, suivie par Rabat-Salé-Kénitra (146,33%), puis Casablanca-Settat (139,5%).

Quant aux régions qui affichent des taux de remplissage inférieurs à 100%, on trouve la région de Lâayoune-Sakia El Hamra (77,78%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (80,33%), l’Oriental (96,88%) et Drâa-Tafilalet (99,63%).

Ce phénomène ne fait que s’aggraver au fil des années, notamment en raison de la tendance haussière des détentions préventives, fait savoir l’OMP. Il déplore que la détérioration des conditions carcérales soit à l’origine de plusieurs actes de violences, d’automutilation ou d’agression.

Lire aussi : Surpopulation carcérale : de nouvelles mesures seront mises en place par le gouvernement

Recours excessif à la détention préventive

La détention préventive est une mesure d’incarcération, le plus souvent exceptionnelle, visant à emprisonner un accusé jusqu’à la fin de son procès, le temps de confirmer son innocence ou sa culpabilité.

Selon l’Organisation non gouvernementale (ONG) « Penal Reform International (PRI) », le recours à la détention provisoire n’est légitime que lorsqu’il que le détenu a commis de graves infractions et que seule une incarcération pourrait l’empêcher de récidiver. Le but est de prévenir de la fuite de l’individu en question, son implication dans un autre délit ou son ingérence dans le processus judiciaire en cour.

Au Maroc, les chiffres révèlent un recours excessif, parfois même abusif, à cette mesure. Les données de l’OMP sont révélatrices à ce sujet : 37.526 détenus prévenus dans les prisons marocaines, soit 42,19% de l’ensemble de la population carcérale.

Le taux des cas de détentions préventives a connu, au cours de la dernière décennie, une baisse significative, passant de près de 43% en 2014 à 39% en 2019. Néanmoins, la première année de la crise sanitaire a enregistré un record avec plus de 46%.

1.158 prisonniers ont entamé une grève de la faim en 2021

Selon les données du rapport de l’OMP, le nombre total de grèves de la faim observées par des prisonniers en 2021 s’est élevé à 1.158, contre 1.011 grèves en 2020.

Les grèves de la faim pour des raisons liées aux poursuites judiciaires ou aux jugements prononcés viennent en tête avec 911 cas, soit 79% des prisonniers grévistes. Elles sont suivies par des cas liés à la situation à l’intérieur de la prison avec 189 cas, soit 16%, puis les cas liés à la nature des poursuites judiciaires, aux jugements et aux conditions de détention, avec un total de 11 cas, soit 1%.

Enfin, les 47 cas liés à d’autres causes, représentant 4% du total de cette catégorie de prisonniers. Ces statistiques font ainsi état d’une croissance des cas de grèves de faim, les détenus y ont eu recours pour exiger certains droits ou de protester contre certaines conditions.

Lire aussi : DGAPR : une nouvelle stratégie d’humanisation des conditions de détention

Élaboré et présenté par l’Observatoire marocain des prisons, le rapport annuel sur la situation des établissements pénitentiaires et des prisonnières et prisonniers jette la lumière sur les conditions dans ces établissements et leur degré de respect des normes en vigueur. Cette enquête vise à trouver des solutions pour l’amélioration des infrastructures pénitentiaires du pays et leur réhabilitation afin de permettre et d’assurer la qualification et la réinsertion des détenus.

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