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Migration irrégulière : enquête sur le drame de Melilia

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Après le drame migratoire de Melilia, l’ouverture d’une enquête s’imposait. Depuis le durcissement du contrôle des frontières européennes, le Maroc a fait face à un dilemme cornélien. Faut-il renoncer à la position du “gendarme de l’Europe” ou subir la pression européenne et, ainsi, empêcher ces migrants de traverser la Méditerranée ? Retour sur les évènements de Melilia et l’appel du président du gouvernement espagnol à l’Europe.

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Le Royaume est considéré comme un pays de transit vers l’Eldorado européen. C’est aussi un pont qu’utilisent les migrants en situation irrégulière pour rejoindre le Vieux continent. Afin de limiter et d’empêcher le passage de ces émigrés, le renforcement du contrôle des frontières terrestres et maritimes est une condition sine qua non.

Cependant, la position du Maroc est souvent pointée du doigt. Du drame à la tragédie, les bousculades de Melilia ont mis un effet de zoom sur les politiques migratoires des parties concernées. Pour rappel, il y a plus d’une semaine, environ 2.000 émigrés en situation irrégulière ont tenté d’entrer de force à Melilia. Ces derniers ont pris d’assaut la clôture de fer qui sépare le préside occupé de Nador. Pour ce faire, ils se sont armés de pierres, d’objets tranchants et de matraques.

Plus d’une vingtaine de migrants irréguliers ont perdu la vie en essayant de franchir les hautes clôtures de fer, alors que des affrontements faisaient rage entre les forces de l’ordre marocaines et espagnoles et le reste des migrants clandestins. À la suite de ces violents accrochages, plusieurs personnes, migrants et agents de sécurité, ont été grièvement blessées et transportées dans des hôpitaux de la région.

Lire aussi : Melilia : l’enclave de la mort

Les résultats de l’enquête

À Nador, 36 migrants impliqués dans le drame se sont présentés au tribunal de première instance. Le dossier de ce premier groupe a été renvoyé à l’audience du 12 juillet. En outre, un autre groupe, dont les charges sont plus graves, fera l’objet d’une procédure séparée le 13 juillet.

Le procès-verbal de l’enquête menée par les autorités compétentes indique que la plupart des migrants sont de nationalité soudanaise ou tchadienne. Âgés de 18 à 24 ans, ces individus ont fui la guerre civile et la famine. Leur projet migratoire a commencé bien avant l’évènement tragique. Leur parcours trace deux principaux chemins de migration clandestine. Le premier concerne un départ du Soudan vers la Libye, puis l’Algérie où les concernés se sont installés près des frontières marocaines, notamment à Maghnia.

L’autre trajet proposé aux migrants clandestins commence à l’Est du Soudan. Ces derniers doivent ensuite traverser le Tchad et le Niger avant d’arriver aussi en Algérie et de finir à Maghnia pour entrer au Maroc.

Le “leader” de ce réseau est “Boss Anfay”, un ressortissant malien qui opère auprès d’un Algérien (Omar) et un Marocain (Yahya). Ces deux complices, toujours non identifiés, ont été en contact avec Anfay et assuraient l’accueil des migrants dans leurs pays respectifs.

De plus, une autre personne soudanaise, du nom d’Ahmed Abou Chiba, dirigeait le camp de Gourougou. C’est ce dernier qui a ordonné et organisé les attaques du 24 juin.

Aussi, au cours des investigations, un accusé a implicitement révélé la complicité des gardes-frontières algériens dans ce réseau de traite d’humains.

Lire aussi : Migration irrégulière : le Maroc prend de nouvelles mesures

L’Espagne appelle au soutien du Maroc 

Par ailleurs, le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a salué, ce lundi, les efforts déployés par le Maroc afin de lutter contre les mafias de la migration irrégulière. Il a même affirmé que l’Espagne et l’Europe sont appelées à faire preuve de solidarité avec le Royaume.

Dans un entretien avec le quotidien El País, le président a souligné que certains «semblent penser parfois que des pays comme le Maroc ne souffrent pas de l’immigration irrégulière. L’Espagne et l’Europe doivent faire preuve de solidarité avec le Maroc»

Concernant les évènements de Melilia, Sanchez a dit qu’«il faut reconnaître l’effort que fait le Maroc, qui subit aussi la pression de la migration irrégulière».

Le Maroc a effectivement subi les répercussions du drame de Melilia. Le responsable espagnol a assuré que «les véritables responsables de l’assaut violent, mené la semaine dernière par des migrants subsahariens contre la clôture métallique séparant les villes de Nador et Melilia, sont les mafias».

Ces évènements sont une tragédie et un rappel à l’ordre. L’enquête menée sert aussi à mettre le doigt sur ce qui va mal en termes de stratégie migratoire et de souffrances en Afrique subsaharienne.

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