Temps de lecture : 5 minutes

Accueil / Économie / Inflation : au-delà des chiffres, quel remède ?

Inflation : au-delà des chiffres, quel remède ?

Temps de lecture : 5 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 5 minutes

L’inflation devient le sujet polémique du moment après une sortie médiatique du Haut-commissaire au plan, Ahmed Lahlimi. Ce dernier a appelé le gouvernement à communiquer avec l’opinion publique sur les raisons de la forte inflation et de la flambée des prix qui, selon lui, sont la conséquence d’une crise de l’offre plutôt que de facteurs externes. Cet argumentaire contredit celui de la banque centrale qui vient de relever son taux directeur à 3% pour juguler l’inflation. Décryptage.

Temps de lecture : 5 minutes

La récente sortie médiatique du Haut-commissaire au plan, Ahmed LAHLIMI, continue de faire jaser. Elle a alimenté encore plus la polémique autour de la décision du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) prise lors de sa première réunion trimestrielle de l’année 2023, le 21 mars. La banque centrale a augmenté le taux directeur de 50 points de base à 3%. BAM a dit vouloir «prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix». Dans ses projections, BAM a estimé que l’inflation ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%.

Mais pour M. LAHLIMI, la politique monétaire ne peut résoudre le problème de l’inflation. Le patron de l’institution chargée de la production statistique, de planification, de prospective, d’analyse et de prévision, a pointé du doigt le problème de l’offre, soulevé dans le communiqué de presse de la BAM. Les journalistes attendaient de pied ferme le Wali de la BAM pour plus d’explications Mais le point de presse de Abdellatif JOUHARI a été annulé pour des raisons personnelles, assure son équipe.

Lire aussi : CMC : vers une croissance de 5,4% en 2023

Deux approches contradictoires

LAHLIMI parle d’un problème d’offre, citant par exemple les prix des produits alimentaires qui sont produits localement, et qui demeurent chers à cause de la sécheresse qui a frappé le Maroc durant les deux dernières années et l’année actuelle qui est à moitié sèche. Pour lui, si l’offre était abondante, les prix des produits locaux auraient baissé. Cette lecture invalide l’approche de M. JOUHARI puisque la première augmentation du taux directeur opérée fin décembre n’a pas porté ses fruits. Bien au contraire, à chaque fois qu’on augmente le taux directeur, on porte atteinte à la dynamique d’investissement et aux réformes menées par l’exécutif.

Sur ce volet, les économistes sont divisés. Certains penchent pour le diagnostic établi par M. LAHLIMI alors que d’autres soutiennent les décisions de M. JOUHARI. Pour ces derniers, l’inflation est purement monétaire et résulte du fait qu’il y a plus de monnaie en circulation que de produits. En parallèle au relèvement du taux directeur, ils préconisent que le gouvernement révise sa politique dépensière. Officiellement, le ministère des Finances n’a pas encore réagi aux propos de M. LAHLIMI. Mais l’un des membres du gouvernement Akhannouch, en l’occurrence Mohamed Mehdi Bensaïd, invité de la Fondation Lafqui Titouani, a déclaré que le gouvernement interagirait positivement avec les remarques émanant tant du HCP que de BAM. Le ministre a rappelé que le gouvernement disposait de ses propres indices et que sa gestion de crise était d’ailleurs louée par différentes institutions internationales.

Lire aussi : Hausse du taux directeur : quel impact sur les taux de crédit ?

Que peut réellement faire le gouvernement ?

Au lieu de rentrer dans une guerre des chiffres avec BAM, le HCP et d’autres organismes, le gouvernement doit mener une politique budgétaire rigoureuse afin de stabiliser de l’économie en complément de la politique monétaire. Pour financer ces dépenses supplémentaires, il faudra chercher des moyens d’augmenter les revenus et de rationaliser les dépenses. Il existe plusieurs mesures que le gouvernement peut prendre pour faire face à l’inflation :

  1. Contrôle : le gouvernement peut mettre en place des contrôles de prix pour limiter la hausse des prix des biens et des services. Cela peut aider à protéger les consommateurs contre l’inflation, mais cela peut également créer des pénuries et des distorsions sur le marché.
  2. Réglementation : le gouvernement peut réglementer les entreprises pour empêcher les monopoles et les cartels de fixer des prix excessifs. Cela peut aider à maintenir une concurrence saine sur le marché et à limiter l’inflation.
  3. Croissance : le gouvernement peut encourager la croissance économique pour augmenter la production et la création d’emplois, ce qui peut réduire la pression sur les prix. Cela peut être réalisé en investissant dans les infrastructures par exemple.

Lire aussi : AGR : BAM devrait poursuivre sa politique restrictive en 2023

Dans ce contexte de changements économiques rapides et de multiples chocs, un nouvel interventionnisme de l’État est en train d’émerger. Cela reflète la faillite des marchés à saisir les nouvelles opportunités et le besoin pour l’État de prendre en charge de nouvelles préoccupations. Ce nouvel interventionnisme est déjà en place aux États-Unis et en Europe sous la forme de nouvelles politiques commerciales et industrielles. Le gouvernement marocain réussira-t-il à prendre ce nouveau virage ?

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

Inflation BAM gouvernement

Al Omrane Expo 2024 : une plateforme pour faciliter l’accès au logement

Le président du Directoire du Groupe Al Omrane, Housni El Ghazoui, a annoncé la mise en place d’une nouvelle plateforme d’aide à l’acquisiti…
Inflation BAM gouvernement

Industrie X.0 : préparer le Maroc pour le futur de la technologie

Depuis la première révolution industrielle, où le charbon et la vapeur offraient un avantage compétitif, la technologie a constamment transf…
Inflation BAM gouvernement

La SGMB sous le giron de Saham : «rien ne change pour le client»

Le 12 avril, le groupe Saham annonce l'acquisition de la Société générale marocaine des banques (SGMB), propriété du groupe français Société…
Inflation BAM gouvernement

Salaire moyen : le Maroc est-il compétitif ?

Selon une étude récente de Ceoworld, le Maroc serait bien placé dans le classement des salaires moyens. Il serait premier africain, 6ème pay…
Inflation BAM gouvernement

HCP : une croissance solide face à une inflation en recul

Dans sa dernière note de conjoncture, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) offre une perspective détaillée et analytique de l'économie nationa…
Inflation BAM gouvernement

Le Maroc compte sur ses importations de céréales pour combler la production nationale

Le communiqué officiel de Bank Al-Maghrib, du 19 mars dernier, peint un tableau sombre sur les perspectives agricoles du pays. L'institution…
Inflation BAM gouvernement

Cannabis thérapeutique : pourquoi le Maroc a sa place de leader ?

Et c’est parti pour un tour. Longuement en discussion, le projet de loi a été voté, et en 2021 le cannabis à visée pharmaceutique peut désor…
Inflation BAM gouvernement

Les banques françaises se retirent du continent laissant place à l’essor des banques marocaines

Dans un climat de spéculation croissante, la Société Générale semble prête à céder sa place historique au Maroc, une décision qui pourrait r…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire