Temps de lecture : 5 minutes

Accueil / Société / Egalité dans l’héritage : le débat revient au devant de la scène

Egalité dans l’héritage : le débat revient au devant de la scène

Temps de lecture : 5 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 5 minutes

La question de l’égalité dans l’héritage entre la femme et l’homme est relancée au Maroc. Ce sujet divise les opinions. Un groupe considère cette question comme un tremplin pour parvenir à une égalité complète entre les sexes. Alors que d’autres personnes estiment que c’est un sujet irréfragable et incompatible avec la religion musulmane. Une étude réalisée en 2020 par l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement avait révélé que plus de 80% des Marocains soutiennent les règles actuelles régissant la répartition de l’héritage. Les Marocains sont-ils pour ou contre l’instauration d’une égalité dans le régime successoral ?

Temps de lecture : 5 minutes

La question de l’égalité dans l’héritage, entre femme et homme, continue de susciter une large polémique au Maroc entre intellectuels, chercheurs et oulémas, au point de se transformer en débat de société.

Comme dans la majorité des pays musulmans régis par la loi coranique, la femme marocaine n’hérite que de la moitié de ce qu’hérite un homme du même degré de parenté. Le reste va à des membres de la famille de sexe masculin, des fois même éloignés. Une épouse n’hérite que d’un huitième de son mari et ses fils deux fois plus que ses filles.

Si certains s’opposent à ce que l’égalité entre femmes et hommes dans les questions de l’héritage soit instaurée, en se basant sur des directives de l’Islam, d’autres appellent à la suppression de l’avantage accordé aux hommes. Ces derniers exigent aussi la suppression de la règle du « Taâssib » qui permet à des membres en dehors de la petite famille d’hériter.

Lire aussi : Mariage : la polygamie a la peau dure

Amina Bouayach plaide pour l’égalité hommes-femmes dans l’héritage

La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a appelé, mardi 14 juin, à asseoir l’égalité entre femmes et hommes dans le régime successoral. L’objectif est d’éradiquer la discrimination visant les femmes.

Selon elle, «l’État doit aborder cette question d’un point de vue objectif et de droits de l’Homme».

«De nombreuses familles, notamment celles qui n’ont pas de descendants masculins, optent pour de nombreuses autres formalités comme la vente, la donation ou la bienfaisance en contrepartie des règles normales régissant les droits d’héritage», a-t-elle révélé.

Ces démarches ont pour but de protéger leurs filles des inégalités qui ne leur font pas profiter pleinement du bien hérité des ascendants, surtout du père ou de l’époux. Ces pratiques de plus en plus courantes deviennent une issue pour ériger l’égalité dans l’héritage, a expliqué Amina Bouayach.

«Le travail de la femme et sa participation au budget familial l’a transformée d’un être inactif en un être actif et efficient sur qui compte de nombreuses familles matériellement et immatériellement», a-t-elle précisé.

Et d’ajouter que ce constat est prouvé par les statistiques du Haut-Commissariat au plan (HCP) de l’année 2020. Celles-ci ont conclu que les ressources de 16,7% des familles du Royaume sont assurées par des femmes .

Comment la société peut-elle atteindre les objectifs de développement escomptés sans l’adoption de mesures accordant aux femmes et aux hommes des droits égaux concernant, entre autres, les ressources économiques, le droit à la propriété, l’héritage et les ressources naturelles ? S’est interrogée la responsable.

Lire aussi : Femme marocaine : qui est-elle vraiment ?

Plus de 80% des Marocains refusent qu’on touche au droit de l’héritage

Selon une étude réalisée en 2020 sur le régime successoral au Maroc, plus de 80% des répondants soutiennent les règles actuelles régissant la répartition de l’héritage.

Cette enquête a été réalisée par l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement (AFEMARD) en partenariat avec l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et avec le soutien de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. Ses résultats ont été dévoilés mardi dernier à Rabat.

L’étude a été menée sur un échantillon de 1.220 personnes issues du milieu rural et urbain. Elle s’intitule : « Que pensent les Marocains et les Marocaines du système successoral marocain ? ».

Il en ressort que la majorité des Marocains s’oppose à toute modification du système d’héritage.

Ce qui est encore plus étonnant, c’est que cette réforme a été surtout rejetée par des femmes. Selon les statistiques, 84,5% des femmes, contre 79,8% des hommes, estiment que l’engagement d’un débat sur l’égalité des sexes est inutile.

Par ailleurs, l’étude conclut l’existence de deux positions générales en ce qui concerne la réforme des dispositions du Code de la famille relatives à l’héritage. La première position, défendue par 44% des personnes interviewées, refuse toute modification de la Moudawana. Cependant, la deuxième position, exprimée par 36% des sondés, appuie l’idée d’un amendement des dispositions discriminatoires vis-à-vis des femmes en la matière. Notons enfin que 20% des répondants n’ont pas exprimé leur opinion.

Lire aussi : Kafala : une procédure obsolète

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

Héritage

Miel… bientôt plus une goutte sur nos tartines?

Les fleurs fanent et les abeilles ne butinent plus. Ce n'est pas le début d'un poème, mais une réelle tragédie que subissent les apiculteurs…
Héritage

Journée mondiale du rein 2024 : prévention, sensibilisation et égalité des soins

À travers le globe, un adulte sur dix est touché par une maladie rénale, ce qui représente environ 850 millions d'individus. Selon l'Organis…
Héritage

RGPH 2024 : une formation assistée par l’IA, une première au Maroc

L’initiative du Haut-Commissariat au Plan (HCP) d'ouvrir l'appel à candidature pour le Recensement général de la population et de l’habitat …
Héritage

Ramadan 1445 : le marché des dattes en constante croissance

Le salaire du mois de mars n’aura pas fait long feu. Il ne lui aura fallu que quelques heures pour s’évaporer allant tantôt vers de la vaiss…
Héritage

Hajj 1445 : les pièges à éviter

Chaque année, 34.000 fidèles dépendent d’une loterie annonçant la liste de chanceux qui parviendront à sillonner la terre sainte de l'Hajj. …
Héritage

Ramadan 2024 : un mois de piété ébranlé par l’inflation

À la veille du mois de Ramadan 2024, les Marocains se préparent à accueillir ce mois sacré. Durant cette période, le rythme quotidien subit …
Héritage

Les Marocaines face à la discrimination salariale de genre

Dans son nouveau rapport, le HCP met en lumière la condition féminine au Maroc à travers une analyse des disparités salariales de genre et d…
Héritage

Le Maroc confronté à un nouveau climat, selon un expert

Le Maroc traverse une période de chaleur exceptionnelle, conséquence d'un réchauffement climatique à l'échelle globale. Cette crise est aggr…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire