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Dérives journalistiques : le CNP saisit le Conseil français de déontologie

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Quelques jours après le vaste tollé provoqué par la Une du journal français Libération et par la caricature de Charlie Hebdo, le Conseil national de la presse (CNP) a officiellement réagi aux infractions constatées dans la couverture médiatique concernant le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre dernier. Le Conseil a saisi son homologue français qui estime que le dessin de Charlie Hebdo ne reflète aucun manquement. La femme présentée en couverture de Libération a, elle, décidé de porter plainte.

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Le Conseil national de la presse (CNP) a déposé, auprès du Conseil de déontologie de la presse et de la médiation en France, une plainte suite aux récentes infractions constatées dans la couverture médiatique de certains journaux français concernant le séisme qui a frappé le Maroc le 8 septembre dernier. Il s’agit particulièrement de la caricature faite par Charlie Hebdo et de la Une de Libération, deux productions qui ont suscité un large tollé sur les réseaux sociaux.

«Ces violations commises par Charlie Hebdo et Libération s’inscrivent dans un contexte de multiples attaques médiatiques françaises contre le Maroc et ses institutions, suite au refus des autorités marocaines d’accepter une proposition d’aide formulée par la France après le séisme ayant touché la région d’Al Haouz», précise dans son communiqué, l’institution présidée par Younes Mjahed.

Dans ce cadre, le Conseil national de la presse a déposé une plainte auprès de la présidente du Conseil de déontologie de la presse et de la médiation en France. Cela, conformément aux normes internationales en vigueur, pour dénoncer les violations éthiques commises par les deux journaux français.

Le CNP insiste, par ailleurs, sur le fait que, dans de telles situations, la priorité absolue doit être d’apporter de l’aide et du soutien aux personnes touchées, sans se laisser influencer par des considérations diplomatiques ou politiques.

Le photomontage pernicieux de Libération

Le communiqué précise qu’une analyse approfondie de la Une publiée, le 11 septembre dernier, de la photographie d’une femme présentée comme une victime du séisme, accompagnée du titre «Aidez-nous, nous mourrons en silence», a révélé que les propos attribués à la victime étaient en contradiction avec ce qu’elle avait réellement dit.

Selon le CNP, cela a gravement nui à la crédibilité du journalisme et au professionnalisme requis dans le traitement des questions humanitaires, en particulier en période de catastrophes naturelles.

Dans une tentative de justification, le média français a publié, il y a quelques jours, un article rejetant entièrement la faute sur l’Agence France Presse et le photographe Fadel Senna, soulignant que le contexte n’avait pas été mentionné dans la légende accompagnant la photo. «Il aurait été bon que l’AFP précise ce que la femme était en train de crier», a indiqué la directrice adjointe de Libération, Alexandra Schwartzbrod.

Dans sa plainte, le CNP estime que Libération «a enfreint plusieurs principes éthiques du journalisme, notamment en publiant une photo en couverture d’une femme âgée parmi les victimes du séisme, tout en attribuant des paroles inventées à cette dernière, dans le but de discréditer les efforts des autorités marocaines et des équipes de secours venues de pays amis ainsi que des bénévoles».

De plus, le CNP accuse Libération «d’avoir diffusé de fausses informations et d’avoir falsifié les faits, dans un contexte où la solidarité humaine aurait dû être encouragée et où les médias auraient dû faire preuve de professionnalisme, de solidarité et de compassion, au lieu de se livrer à des motivations politiques».

Par ailleurs, Touria Sarka, la femme victime affichée en couverture du journal français, a décidé de porter plainte contre Libération, peut-on lire sur le tweet de Me. Mourad Elajouti, président du club des avocats au Maroc et avocat de la victime. Le photomontage produit par le média est «certainement mû par un objectif sensationnaliste, n’a pas craint d’imputer à notre mandante des propos qu’elle n’a jamais prononcés, ce qui constitue le délit de montage illicite, au sens de l’article 226-8 du Code pénal, outre l’atteinte à la vie privée que caractérise déjà la diffusion de cette photographie sans l’accord de la principale intéressée», précise de plus dans un communiqué l’avocat qui représente Touria Sarka aux côtés de Robin Binsard, avocat au barreau de Paris.

Ce photomontage est d’autant plus pernicieux qu’il s’inscrit dans un contexte particulier, à la suite de la décision du Maroc de ne pas se prononcer sur l’aide de la France, suggérant ainsi que Mme SARKA serait en désaccord avec les autorités de son pays. «Notre mandante s’estime aujourd’hui déshonorée, et injustement instrumentalisée par LIBÉRATION. Pour ces raisons, nous avons mis en demeure ce journal de supprimer ce photomontage de son site internet, et de publier des excuses au bénéfice de Mme Touria SARKA. Sans réponse satisfaisante, une plainte sera déposée entre les mains du Procureur de la République de Paris», concluent les deux avocats.

Charlie Hebdo : «un choix éditorial qu’on peut ne pas apprécier, mais qui est libre»

Pour ce qui est de la caricature de Charlie Hebdo, le Conseil explique que cette action, qualifiée «d’inacceptable», «semblait décourager toute manifestation de solidarité envers les victimes du séisme au Maroc». Dans un communiqué, le CNP a par ailleurs précisé que le dessin «va à l’encontre du principe fondamental de soutenir les personnes touchées par des catastrophes naturelles, en violation flagrante des principes humanitaires».

Pour l’institution que préside Younes Mjahed, le dessin paru dans l’hebdomadaire français porte atteinte aux victimes du séisme et à leurs familles qui ont besoin d’aide et de soutien, surtout que plusieurs d’entre elles ont perdu leurs familles et dont des enfants orphelins n’ont pas à être impliqués dans les différends diplomatiques ou les problèmes politiques.

Mais ce jeudi après-midi, le Conseil de déontologie journalistique a classé sans suite la saisine marocaine, considérant que «le choix de rapprocher dans un dessin de presse la fortune du roi du Maroc des appels aux dons est un choix éditorial qu’on peut ne pas apprécier, mais qui est libre».

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