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La libération de la ville d’Izioum, dans la contre-offensive éclaire qu’a menée l’Ukraine ces derniers jours dans la région de Kharkiv au, entraîne son lot de découvertes macabres. «La Russie laisse partout la mort derrière elle. (…) Le monde doit vraiment tenir pour responsable la Russie de cette guerre. Nous allons tout faire pour cela.», a déclaré dans son adresse quotidienne le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
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Dans cette ville reprise aux Russes et qui abritait un peu moins de 50.000 habitants avant la guerre, les autorités ukrainiennes ont annoncé la découverte d’une «fosse commune» et d’au moins dix «salles de torture». Kiev promet «des informations claires et vérifiées» qui devraient être dévoilées ce vendredi pour corroborer ses accusations. L’ONU a fait part dans la matinée de sa volonté d’envoyer au plus vite une équipe sur place. Des journalistes ont pu se rendre sur place pour documenter l’existence de ce charnier.
Une «fosse commune» et dix «salles de torture»
Le président ukrainien a affirmé jeudi soir qu’une «fosse commune» avait été découverte dans la forêt bordant Izioum. Serhi Bolvinov, un responsable de la police régionale, a précisé sur la chaîne de télévision britannique Sky News que quelque «quatre cent quarante corps» ont été retrouvés à Izioum.
«Nous savons que certains ont été abattus, d’autres sont morts à cause de tirs d’artillerie, de traumatismes dus à l’explosion de mines. Certains sont morts dans des frappes aériennes. Nous avons également des informations selon lesquelles de nombreux corps n’ont pas encore été identifiés», a-t-il précisé. En outre, selon le fonctionnaire du ministère ukrainien chargé de la réintégration des territoires occupés, Oleg Kotenko, «il y a beaucoup de personnes qui sont mortes de faim. Cette partie de la ville était isolée, sans ravitaillement. Les gens étaient bloqués, rien ne marchait.»
Les tombes sur ce site – qui selon le dernier décompte sont au nombre de 450 – ont été creusées pendant les combats et durant l’occupation russe. Des journalistes de l’Associated Press ont pu se rendre sur le site où, au milieu des arbres se trouvaient, ils ont vérifié la présence de centaines de tombes avec de simples croix en bois, la plupart marquées uniquement par des numéros.
Certaines, individuelles, comportent les restes des dizaines d’adultes et d’enfants tués lors d’une frappe aérienne russe sur un immeuble d’habitation de cette ville de l’oblast de Kharkiv, selon un habitant. «Certaines tombes peuvent aussi contenir deux ou trois personnes», a ajouté Oleg Kotenko, précisant que certaines tombes «ne portent pas de noms» et sont probablement «celles de gens (trouvés) dans la rue».
Et une tombe plus grande, surmontée d’une croix portant l’inscription «armée ukrainienne, 17 personnes. Izioum, de la morgue», a également été découverte. Selon le responsable gouvernemental, les vidéos que les soldats russes ont publiées sur les médias sociaux semblent indiquer qu’il y avait probablement davantage de corps dans cette tombe. «Nous ne les avons pas encore comptés, mais je pense qu’il y en a plus de vingt-cinq, voire trente», a-t-il déclaré.
La découverte de ce site a été possible grâce à cette vidéo où l’on y voit un homme parlant en russe : «Nous devons prendre les corps des soldats ukrainiens à la morgue et les enterrer car l’Ukraine n’en veut pas.»
«De nombreux corps n’ont pas encore été identifiés», a souligné Serhi Bolvinov. Des prélèvements d’ADN seront effectués pour aider à l’identification des victimes. Il faudra, toutefois, attendre que les enquêteurs équipés de détecteurs de métaux terminent leur recherche d’éventuels explosifs cachés avant de pouvoir creuser.
Ce matin, le conseiller du président, Mykhaïlo Podoliak, a affirmé que le site d’Izioum «n’est qu’un seul des sites d’enterrements massifs découverts près d’Izioum. Pendant des mois, la terreur, la violence, la torture et les meurtres de masse ont régné en maître dans les territoires occupés» a-t-il ajouté. «Il y a aussi d’autres cimetières dans la ville, mais nous n’y sommes pas allés. Donc on ne sait pas quelle est la situation» dans son ensemble, a déploré Oleg Kotenko.
Mais ce ne sont pas les seules découvertes macabres. Le chef de la police nationale Igor Klymenko a indiqué, ce vendredi, que «dix salles de torture» ont été découvertes dans des localités de la région de Kharkiv. «À ce jour, je peux parler d’au moins dix salles de torture [découvertes] dans des localités de la région de Kharkiv», dont deux dans la petite ville de Balakliïa, a-t-il déclaré, cité par l’agence Interfax-Ukraine.
Poutine, premier responsable
Quelques heures avant l’annonce de la découverte, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en visite à Kiev, a plaidé en faveur d’une comparution du président russe devant la justice internationale pour les crimes de guerre commis en Ukraine, dans une interview accordée au quotidien Bild. Selon elle, il ne fait pas de doute que des crimes de guerre ont été commis en Ukraine, depuis le déclenchement de l’offensive russe fin février.
«C’est pourquoi nous soutenons la collecte des preuves» en vue d’une procédure devant la Cour pénale internationale, a ajouté la cheffe de l’exécutif européen. «Les fondements de notre système de droit international demandent que nous poursuivions de tels crimes et, au bout du compte, c’est Poutine qui en est responsable», a-t-elle ajouté. Interrogée sur la probabilité que le chef de l’État russe puisse un jour être traduit devant la justice internationale, Ursula von der Leyen a répondu : «Je pense que c’est possible.»
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Le gendarme onusien veut enquêter
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies (ONU) a annoncé, dans la matinée du vendredi, souhaiter envoyer «sous peu» une équipe à Izioum, pour vérifier les allégations des autorités ukrainiennes évoquant une fosse commune et des exécutions. «Nos collègues en Ukraine, de la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine, vérifient ces allégations et ils souhaitent organiser une visite à Izioum pour déterminer les circonstances de la mort de ces personnes», a expliqué Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat.
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Le plus haut organe onusien de défense des droits de l’homme a lancé, en mai, une enquête sur les violations commises par les troupes russes en Ukraine. La commission avait recueilli de multiples allégations de crimes de guerre commis par les forces russes dans d’autres villes du pays. «À Boutcha et Irpine, la commission a reçu des informations concernant des meurtres arbitraires de civils, la destruction et le pillage de biens, ainsi que des attaques contre des infrastructures civiles, notamment des écoles», avait déclaré, en juin, le président de la commission, Erik Mose. Les enquêteurs doivent être entendus le 23 septembre par le Conseil.
«Nous voulons que le monde sache ce qui se passe réellement et ce à quoi l’occupation russe a conduit. Boutcha, Marioupol, maintenant, malheureusement, Izioum…», s’était indigné, jeudi soir, le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
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