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Armée, bénévoles, aide internationale, … tout pour sauver encore des vies

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Au quatrième jour du séisme qui a fait, selon le dernier bilan provisoire, 2.901 morts et 5.530 blessés, les différentes forces d’intervention marocaines, pilotées par une cellule mise en place spécialement par le ministère de l’Intérieur, poursuivent leurs opérations de sauvetage et d’assistance. Si plusieurs États ont exprimé leur entière disposition à apporter «toute l’aide que le Royaume solliciterait», le pays est actuellement appuyé par les interventions de quatre pays. Les bénévoles étrangers sont, eux, en nombre présents sur le sol national. Des secouristes qui n’attendent pas de feu vert pour appuyer les Marocains face à cette tragédie humaine.

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Nous sommes aujourd’hui à J+4 du tremblement de terre meurtrier qui a frappé de plein fouet le pays. Le ministère de l’Intérieur fait état de 2.901 pertes humaines et des dégâts matériels considérables. Si la veille, les équipes de secours ont pu sauver les vies de personnes restées bloquées sous les décombres durant trois jours et trois nuits, les prochaines heures sont désormais critiques. Notre article de la veille, qui cartographie les villages impactés par la catastrophe, mesure, en effet, l’étendue des zones que les forces d’intervention doivent encore ratisser et des populations auxquelles porter assistance.

Lire aussi : Cette montagne qui ralentit les secours

Dans la soirée, les agents de la Direction provinciale de l’équipement et de l’eau ont annoncé avoir rétabli la circulation au niveau de plusieurs routes régionales et provinciales. Les chutes de roches ayant rendu les déplacements très difficiles, porter secours était quasi impossible. L’unique moyen d’accéder à certains villages enclavés était la marche ou le recours aux équidés.

La Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP) a d’ailleurs appelé, hier, l’ensemble des entreprises du secteur à mettre à disposition des autorités le matériel nécessaire aux opérations de secours. «Suite au séisme qui a frappé plusieurs régions du Maroc, la FNBTP invite toutes les entreprises du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) disposant des moyens dans les régions d’Al Haouz, Marrakech, Taroudant, Chichaoua, et Ouarzazate à mettre à la disposition des autorités chargées du secourisme le matériel d’intervention nécessaire pour apporter l’aide aux survivants et aux victimes attendant d’être retrouvées sous les décombres», a indiqué la Fédération dans une note.

Face à la difficulté du terrain, les Forces armées royales (FAR), en première ligne, optent pour le déploiement ou le parachutage des vivres par hélicoptère, en attendant l’arrivée des secours terrestres.

Les FAR, en première ligne

Les différentes forces d’intervention marocaines, pilotées par une cellule mise en place spécialement par le ministère de l’Intérieur, poursuivent, jour comme nuit, leurs opérations de sauvetage et d’assistance. Le Royaume dispose en effet d’un arsenal juridique et institutionnel pour gérer les catastrophes naturelles et les crises qui en découlent. Son objectif principal est, peut-on lire sur une communication des FAR, «la mobilisation harmonieuse des moyens d’intervention et de secours, la gestion des opérations de secours et le transfert de l’aide entre les différents acteurs civils et militaires, y compris la société civile».

Schéma synthétique de la stratégie nationale de la gestion des risques des catastrophes naturelles.

Schéma synthétique de la stratégie nationale de la gestion des risques des catastrophes naturelles. © Forces armées royales / Twitter

L’état-major précise que «des détachements d’intervention, des avions, des hélicoptères, des drones et des moyens du Génie civil ainsi que des antennes logistiques sont déployés sur les lieux en vue d’apporter le soutien nécessaire aux différents départements concernés et aux populations sinistrées».

Les FAR constituent, en effet, un soutien essentiel pour les autorités. Par leurs capacités logistiques et technologiques, ils sont les seuls à pouvoir se rendre dans des zones reculées, dans lesquelles les seules voies d’accès ont été détruites par le séisme. «Les équipes de secours, comme celles de la protection civile, ont certes bénéficié de bonnes formations et détiennent des certificats onusiens obtenus en Suisse, en Espagne, en Allemagne ou aux États-Unis, mais aucune ne dispose des moyens des FAR», explique à nos confrères de Jeune Afrique, Abdelhamid Harifi, administrateur du forum FAR-Maroc.

Des drones pour repérer

Dans le domaine aérien, en particulier, les FAR possèdent, en effet les meilleurs moyens d’agir. Les drones, par exemple, assurent une reconnaissance rapide des zones et offrent un gain de temps extrêmement précieux pour cibler efficacement les lieux d’intervention. Les drones WANDER-B, de fabrication israélienne, est l’un des moyens de recherche, de sauvetage et de surveillance les plus importants utilisés par l’armée dans le cadre de la gestion des opérations de recherche et de sauvetage et de l’acheminement de l’aide aux zones touchées par le séisme, précisent les FAR sur X (anciennement Twitter).

En 2021, le magazine officiel des FAR rapportait la conclusion d’un accord avec la société israélienne BlueBird Aero Systems, pour l’achat entre autres des drones WANDER-B (déjà testés lors de manœuvres militaires par l’armée marocaine dans la région de Ouarzazate en juin 2019). Le prix de la transaction étant estimé à 50 millions de dollars.

Le WANDER-B se distingue par sa capacité à opérer n’importe où sans avoir besoin de piste et peut décoller et atterrir verticalement. Il se caractérise par son faible niveau sonore puisqu’il utilise des moteurs électriques. Il a une autonomie de fonctionnement jusqu’à deux heures et demie à des distances allant jusqu’à 50 kilomètres et est capable d’atteindre des altitudes allant jusqu’à 1 000 mètres avec une masse maximale au décollage de 13 kilos, dont cinq correspondent aux batteries et une et demie à la charge utile, qui peut être des caméras de jour comme de nuit. Il a une envergure de trois mètres et peut naviguer face à des vents de 32 à 65 nœuds.

Des hélicoptères pour secourir

Après identification des zones sinistrées et évaluation des besoins, les Forces peuvent ensuite mobiliser des hélicoptères pour se rendre sur place. L’armée fait état d’une vingtaine d’hélicoptères Chinook CH-47 (du constructeur américain Boeing) et SA.330 Puma (du constructeur français Aérospatiale) mobilisés de la Forces aériennes royales, de la Gendarmerie royale et de la Marine royale, outre les hélicoptères d’une entreprise privée de Marrakech, volontaires pour soutenir les opérations de secours. Les deux modèles sont, en effet, engagés pour assister les populations lors de catastrophes naturelles.

Les missions assurées par les militaires marocains, en réponse au séisme d’Al Haouz, sont polyvalentes : du transport de poches de sang collectées dans toutes les régions du Royaume, aux interventions directes de sauvetage dans les territoires sinistrés. Mais, sur le terrain, ils ne sont pas seuls.

Appuyés par l’aide internationale

Les propositions d’aide humanitaire sont légion. Cependant, dans le cadre «d’une approche conforme aux standards internationaux en pareilles circonstances» et après évaluation précise des besoins sur le terrain, le Maroc s’est tourné, dans un premier temps, vers quatre pays. Rabat a, en effet, opté pour une gestion rationnelle et réfléchie de l’aide internationale.

Pour l’heure, seuls l’Espagne, le Royaume-Uni, le Qatar et les Émirats arabes unis ont été sollicités par le Royaume, compte tenu de l’offre proposée qui correspond aux besoins actuels. Ce concours «répond à des besoins spécifiques sur le terrain, formulés au préalable par le Maroc, et sera déployé en parfaite coordination avec les autorités marocaines», avait précisé Juan Saldaña Garcia, lieutenant-colonel à l’Unité militaire d’urgence (UME), dans une déclaration à la MAP.

Dans la nuit, l’Ambassade d’Espagne à Rabat a annoncé l’envoi immédiat de cinq nouvelles équipes humanitaires au Maroc. Il s’agit plus précisément de 5 équipes de sauvetage canin de la Garde civile, de la Police nationale, de la Generalitat de Catalunya, de la Mairie de Grenade et de la Mairie de Madrid, a précisé la représentation diplomatique. Au total, ils sont 31 spécialistes, 15 chiens de recherche et de sauvetage et 11 véhicules, qui devraient arriver ce mardi pour s’ajouter aux 86 secouristes accompagnés de chiens experts dans la recherche de victimes de l’UME et de la Communauté de Madrid déjà actifs sur le terrain.

Une unité de l’UME avait, pour précision, été envoyée en février en Turquie après le séisme dévastateur et avait aidé à secourir six personnes, dont une maman et ses deux enfants. Cette unité est équipée d’outils permettant de percer et de couper le béton armé, ainsi que de moyens de détection des substances toxiques ou explosives afin de permettre aux secouristes de travailler en sécurité, selon le ministère espagnol de la Défense. La seconde équipe de secouristes, dirigée par le gouvernement régional de Madrid, est pour sa part intervenue dans le passé après des séismes au Chili, en Équateur et en Haïti.

Le déploiement de ces équipes et toute la logistique nécessaire, souligne la mission diplomatique espagnole, sont canalisés et gérés par la Direction générale de la protection civile et des urgences du ministère de l’Intérieur espagnol, qui travaille en coordination avec les autorités marocaines.

La Royaume-Uni a, pour sa part, envoyé 60 experts en recherche et sauvetage, ainsi que du matériel et quatre chiens de recherche, selon un communiqué de l’ambassade britannique publié lundi matin. L’équipe internationale de recherche et de sauvetage du Royaume-Uni (UKISAR) répond aux catastrophes au nom du ministère britannique des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement.

Ils disposent d’équipements de recherche spécialisés, notamment des appareils d’écoute sismique et des équipements de coupe et de rupture du béton armé. Le kit spécialisé donne à l’équipe la capacité de soulever, couper et enlever le béton et les gravats pour atteindre les personnes situées sous les bâtiments effondrés.

L’équipe de secours qatarie a atterri dimanche au Maroc. Dans une déclaration à la MAP, le commandant en chef Khalid Abdellah Al Hamidi a souligné que les membres de son équipe de secours vont épauler les équipes marocaines au niveau de deux sites, sur la base de ce qui a été convenu à travers les canaux de communication et de coordination avec la partie marocaine. Les détails de leur intervention n’ont toutefois pas été communiqués.

D’après un communiqué, l’émir du Qatar «a ordonné l’envoi d’équipes de secours et d’aides médicales d’urgence, afin de soutenir les efforts de sauvetage suite au séisme». Par ailleurs, une seconde équipe qatarie est arrivée dans la soirée du lundi au Maroc pour soutenir les efforts des autorités.

Par ailleurs, le président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan, a décidé, samedi, de lancer un pont aérien d’aide humanitaire en faveur des personnes touchées par le séisme au Maroc. «Son Altesse Cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyan a donné ses instructions pour lancer un pont aérien d’aide humanitaire aux frères touchés par le tremblement de terre qui a frappé certaines régions du Royaume du Maroc, et de fournir diverses formes de soutien», indique l’agence de presse officielle WAM.

Les détails de l’intervention émiratie ne sont pas connus.

Le ministère de l’Intérieur précise, par ailleurs, que la liste des pays qui pourraient intervenir pour porter assistance aux sinistrés du séisme, pourrait s’allonger. «Avec l’avancement des opérations d’intervention, l’évaluation des besoins éventuels pourrait évoluer, ce qui permettrait de recourir aux offres de soutien présentés par d’autres pays amis, selon les besoins spécifiques de chaque étape», a fait savoir le département de Abdelouafi Laftit.

Et des bénévoles qui n’attendent pas le «feu vert»

Le séisme qui a ébranlé le pays a entraîné une vague de solidarité nationale sans précédent. Des citoyens qui contribuent aux dons, à ceux qui vont jusqu’aux zones sinistrées pour appuyer les autorités, c’est un patriotisme qui n’a d’égal que cette réalité vécue aujourd’hui dans les douze régions du Royaume. Et, dans cette épreuve, les Marocains ne sont pas seuls.

Car sans attendre le «go» des autorités marocaines, de nombreuses équipes de secouristes bénévoles étrangers ont rejoint le Maroc pour se mettre à disposition des autorités. C’est le cas de médecins britanniques qui ont pris le chemin vers le Royaume dès l’annonce du séisme survenu vendredi dernier.

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C’est le cas également de bénévoles israéliens. Au moins trois équipes sont actuellement sur le sol marocain, telles que celles de United Hatzallah ou encore Sauveteurs sans frontières, qui est intervenue pour la première fois à l’étranger en 2005, au Sri Lanka, après le tsunami. «Notre principe est de partir sans attendre autorisations ou permissions, de remplir valises et cartons avec du matériel et d’arriver le plus vite possible. Nous agissons plutôt à court terme qu’à long terme, pour donner les premiers soins. On reste entre cinq et dix jours et on laisse ensuite la place aux grosses structures. Nous formons aussi des équipes de sauveteurs à l’international», explique Arié Levy, le directeur de l’organisation.

Les Français ont également répondu présents. Une équipe de pompiers lyonnais bénévoles de l’association Casc Appui, composée de 4 secouristes spécialistes de sauvetage et recherche, d’un infirmier et d’un spécialiste avec son chien, est arrivée au Maroc avec environ 300 kg de matériel. Des plus, l’association PHF spécialiste de protection civile basée à Saint-Étienne a envoyé dimanche une équipe de huit personnes à Marrakech, composée d’un médecin, deux infirmières, un sapeur-pompier et quatre secouristes avec 160 kg de matériel, par un vol commercial depuis Lyon.

En ce qui concerne l’offre de soins, Tayeb Hamdi, chercheur en politique et systèmes de santé a précisé à nos confrères du Matin qu’il n’y a pas eu à ce jour d’évacuation vers des villes comme Casablanca ou Rabat. Un constat qui signifie que l’offre de soins locale à Marrakech et Agadir, ainsi que celle déployée par le ministère de la Santé, les FAR ou le secteur privé, répond parfaitement à la situation. Il en va de même, ajoute le médecin, pour les volontaires répertoriés dans tous les CHU pour intervenir dans de tels cas, et qui n’ont pas été sollicités, ce qui veut dire que les équipes locales ou mobilisées sur place maîtrisent la situation.

Le chercheur précise toutefois que : «nous sommes actuellement dans une phase d’intervention à laquelle succèdera une autre phase de remise en état, pour laquelle nous aurons peut-être besoin du soutien de nos amis et partenaires».

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