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Sommet de Dakar sur l’Agriculture : comment nourrir l’Afrique ?

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À Dakar s’ouvre ce mercredi un sommet co-organisé par le Sénégal et la Banque africaine de développement pour «libérer le potentiel de production alimentaire» du continent.

«Il y a urgence», alerte Beth Dunford, vice-présidente de la Banque africaine de développement (BAD) pour l’agriculture, le développement humain et social. «Nous savons que près de 250 millions d’Africains dorment chaque nuit en ayant faim et c’est inacceptable. Les prix des denrées alimentaires augmentent, donc les populations ont plus de mal à nourrir leurs familles», déplore Beth Dunford.

C’est donc le moment de se mobiliser pour renforcer la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire. — Beth Dunford, vice-présidente de la BAD

Et pour répondre à cette crise, 34 États africains et occidentaux seront représentés lors du sommet sur l’Agriculture qui «ne sera pas un sommet comme les autres», promet Beth Dunford.

Lire aussi : Le Maroc participe au Sommet de la souveraineté alimentaire à Dakar

Alors que le continent est frappé de plein fouet par les crises successives de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, causant une flambée des prix, la Banque africaine espère apporter des solutions effectives.

Le potentiel est là, et les solutions existent, selon Beth Dunford. La BAD promet des accords concrets, dans la continuité de sa stratégie intitulée «Nourrir l’Afrique» lancée en 2015. Pour y arriver, l’institution collabore avec des chercheurs développant de nouvelles variétés de semences, adaptées aux changements climatiques qui pourraient apporter une réponse à ce problème.

Six ans après son développement, ce programme à hauteur de 7 milliards de dollars a touché 74 millions d’agriculteurs et plus de 250 millions de personnes «avec de nombreux succès que nous espérons reproduire à grande échelle sur le continent, avec un engagement politique», indique Beth Dunford. Mais le chantier reste conséquent.

Atteindre l’objectif « Faim Zéro »

Le Sommet de Dakar 2 c’est aussi la diversification de la production alimentaire dans le monde. À l’échelle mondiale, 828 millions de personnes souffrent de la faim, l’Afrique comptant 249 millions, soit un tiers du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde.

Dans cette optique, la réalisation de l’objectif de développement durable numéro 2, sur la faim zéro ne peut être obtenue que si elle est concluante en Afrique. A ce sujet, les Nations Unies ont noté que l’Afrique doit être ciblée prioritairement, car «le nombre de personnes sous-alimentées y augmente plus rapidement que partout dans le monde».

Mais l’éradication de la faim en Afrique d’ici 2030 est une perspective réalisable, avaient déclaré à Rome les leaders mondiaux de l’agriculture. Ces trois prochains jours, les pays participants vont donc présenter leurs plans, leurs «pactes nationaux», répondant à des objectifs clairs d’autosuffisance alimentaire, devant les partenaires pour obtenir les financements nécessaires.

Il est question désormais de libérer le potentiel alimentaire et agricole de l’Afrique. Car bien qu’il dispose des terres arables suffisantes pour nourrir 9 milliards de personnes dans le monde d’ici 2050, le continent importe plus de 100 millions de tonnes métriques de nourriture au coût de 75 milliards de dollars par an.

Lire aussi : Croissance africaine, l’horizon se voile

Pour Akinwumi Adesina, président de la BAD, «il est impardonnable qu’un continent disposant de 65 % des terres arables les plus fertiles au monde et d’abondantes ressources en eau, souffre encore d’insécurité alimentaire. Ce sommet constitue un effort mondial essentiel pour aider l’Afrique, de manière systématique et proactive, à atteindre l’objectif Zéro Faim.»

Sommet de Dakar sur l'Agriculture : comment nourrir l'Afrique ?

Akinwumi Adesina, président de la BAD et Alvaro Lario, président du Fonds international de développement agricole (FIDA). © DR

Pourtant, l’Afrique a le potentiel de se nourrir et de contribuer à nourrir le monde à travers ses vastes étendues de savane, estimées à elles seules à 400 millions d’hectares, dont seulement 10% (40 millions d’hectares) sont cultivés.

Adesina explique que l’Afrique «dispose des technologies, des plateformes et des ressources nécessaires pour faire évoluer le statu quo en dynamisant le secteur privé, en augmentant la production alimentaire pour des millions d’agriculteurs africains, en débloquant des financements pour les agriculteurs et les PME agricoles et en transformant les chaînes de valeur agricoles et alimentaires.»

Un grenier pour le monde

«Un changement profond du système alimentaire et agricole est nécessaire si nous voulons nourrir plus de 828 millions de personnes qui ont faim aujourd’hui et les 2 milliards de personnes supplémentaires que le monde aura d’ici 2050. La productivité agricole et la production alimentaire durable sont essentielles pour aider à atténuer les périls de la faim», notent les Nations Unies.

Ainsi, la Banque africaine compte sur la levée des obstacles au développement agricole et en l’accompagnant d’investissements nouveaux. Cela permettrait de porter la production agricole de l’Afrique de 280 milliards de dollars par an à mille milliards de dollars d’ici 2030.

Selon la Bad, investir dans l’augmentation de la productivité agricole, soutenir les infrastructures, les systèmes agricoles adaptés au climat, avec des investissements du secteur privé tout au long de la chaîne de valeur alimentaire, peuvent aider à faire de l’Afrique un grenier pour le monde.

Mais pour y arriver, il est temps de diversifier davantage les sources d’approvisionnement alimentaire pour l’Afrique, au milieu des effets persistants de la guerre en Ukraine et de ses impacts systémiques à l’échelle mondiale, afin de garantir l’approvisionnement alimentaire de l’Afrique.

Désormais, l’essentiel sera de soutenir les efforts visant à libérer le potentiel agricole de l’Afrique, pour une production alimentaire suffisante. Car l’Afrique a tout à gagner, et le monde a aussi tout à gagner d’un tel effort concerté.

Intensifier les efforts

Durant ce sommet, souligne la BAD, les acteurs du secteur privé s’engageront à développer des chaînes de valeur critiques. Les gouverneurs des banques centrales et les ministres des Finances, eux, s’engageront à élaborer des dispositifs de financement pour la mise en œuvre des pactes pour l’alimentation et l’agriculture, en collaboration avec les ministres responsables de l’agriculture, ainsi qu’avec les acteurs du secteur privé, y compris les banques commerciales et les institutions financières.

https://twitter.com/FIDAfriqueOuest/status/1618243153206865920?s=20&t=7AUzPDgh0QM1BaCzfi4s2Q

À l’issue du Sommet de haut niveau, il est attendu que des engagements soient pris par les chefs d’État à travers les accords nationaux de livraison d’aliments, de Conseils présidentiels pour les accords de livraison de nourriture et d’agriculture. La rencontre devrait permettre en effet de développer l’infrastructure et la logistique nécessaires avec les zones spéciales de transformation agro-industrielle pour construire des marchés et des chaînes de valeur alimentaires et agricoles compétitives.

Il sera aussi question de la mise au point de cadres de financement pour la mise en œuvre des pactes de livraison d’aliments et d’agriculture traditionnels en perspective de l’objectif Faim zéro. De même, il est attendu un soutien à la recherche et le développement pour un pipeline de technologies agricoles résilientes au climat.

Lire aussi : Sécurité alimentaire, quel bilan pour le Maroc ?

Le programme du Sommet est axé sur les priorités suivantes :

  • mobiliser un engagement politique de haut niveau autour de la production, des marchés et du commerce pour mettre en œuvre des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles pour certains pays ;
  • mobiliser et aligner les ressources gouvernementales, les partenaires de développement et le financement du secteur privé autour des pactes de livraison de produits alimentaires et agricoles pour atteindre la sécurité alimentaire à grande échelle dans chaque pays,
  • partager les expériences réussies en matière d’alimentation et d’agriculture dans certains pays et des plateformes pour intensifier le soutien à l’agriculture.

Cela devrait permettre de doubler la productivité agricole grâce à des technologies de pointe, à l’élevage et à l’aquaculture et à des services consultatifs adaptés au climat.

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