Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie se disputent l’accueil de l’Agence africaine des médicaments

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Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie se disputent l’accueil de l’Agence africaine des médicamentsAgence africaine des médicaments © DR
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Une bataille fratricide a été lancée entre le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Chacun de ces trois pays veut à tout prix accueillir le siège permanent de la future Agence africaine du médicament (AMA), un nouvel organe de l’Union africaine (UA).

La détermination de l’accueil du siège permanent de l’Agence africaine des médicaments (AMA) devrait être tranchée lors du prochain sommet de l’Union africaine (UA). Le démarrage des travaux de cette conférence est prévu au début de 2023. Notons que l’accord pour la création de l’AMA est entré en vigueur le 5 novembre 2021, après sa ratification par une trentaine de pays membres de l’UA.

En attendant, le futur emplacement du siège de cette agence fait l’objet de convoitise. Ce projet commun de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UA, dont l’idée remonte à 2009, sera créé à l’image de l’Agence européenne du médicament (EMA). Le nouvel organisme sera chargé de faciliter les procédures d’exportation des produits pharmaceutiques.

 

L’objectif de l’AMA

Durant la pandémie de la Covid-19, et à défaut d’une agence de médicament, l’Afrique n’était pas représentée par un organisme suffisamment puissant pour négocier l’achat de vaccins. L’UA a dû assurer la gestion directe de ces acquisitions, notamment dans le cadre de l’initiative Covax.

La mise en place de l’AMA profitera aux 1,216 milliards d’Africains, dont les dépenses de santé représentent parfois jusqu’à 60% de leurs revenus. Ces derniers peinent également à accéder à des médicaments de qualité, précise la Banque mondiale.

La création de cette agence est aussi une aubaine pour les fabricants de médicaments, qui peuvent y voir une opportunité d’augmenter leurs bénéfices. Le continent africain représente pas moins de 3% du marché pharmaceutique mondial, avec seulement quelque 400 entreprises pharmaceutiques, principalement en Afrique du Sud, au Maroc, en Égypte et en Tunisie.

Ces quatre pays représentent plus de 70% de la production pharmaceutique de l’Afrique. Les chiffres sur lesquels ces États peuvent s’appuyer pour affirmer leur légitimité à accueillir l’AMA doivent assurer l’autonomie pharmaceutique continentale.

 

Quid des principaux candidats

  • Le Maroc :

Pour le Maroc, cette nouvelle instance est avant tout une opportunité de s’imposer sur un marché porteur. L’industrie pharmaceutique du pays a réalisé un chiffre d’affaires de 16 milliards de DH en 2019 pour un volume de plus de 400 millions d’unités. Elle exporte aussi entre 11 et 12% de sa production locale.

De plus, le Royaume était le premier à manifester son intérêt pour accueillir le siège de l’AMA. En effet, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a souligné cet intérêt lors de la présentation du rapport d’étape sur la ratification du traité portant création de l’AMA, durant de la 40ᵉ session ordinaire du Conseil de l’UA.

Le ministre a affirmé que le Maroc «est disposé à accueillir le siège de l’AMA et à développer des projets de partenariat Sud-Sud avec les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC)». Joignant l’acte à la parole, le Maroc a ainsi acté le 5 avril 2022, au siège de l’UA à Addis-Abeba, le traité portant création de l’AMA.

  • L’Algérie :

De son côté, le Premier ministre algérien, Aïmene Benabderrahmane, n’a pas manqué de signaler la volonté de son pays d’accueillir l’agence continentale, près de deux mois après l’annonce de la candidature marocaine. Depuis, l’Algérie a officiellement soumis sa proposition pour accueillir l’AMA.

Le ministre algérien de l’Industrie pharmaceutique, Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed, a en outre tenu à rappeler «l’ensemble des ressources institutionnelles, scientifiques et réglementaires dont bénéficie l’Algérie, notamment l’existence d’une Agence nationale des produits pharmaceutiques».

  • La Tunisie :

Kaïs Saïd, le président tunisien, a pour sa part indiqué, au nom de son pays : «des ressources humaines à la logistique, la Tunisie dispose de tous les atouts pour accueillir l’Agence africaine du médicament (AMA)». La Tunisie a aussi soumis sa candidature à la Commission de l’UA pour accueillir le siège de l’AMA. C’est le ministre tunisien de la Santé, Ali Maret, qui a présenté le dossier de son pays à la délégation africaine.

 

Par ailleurs, les pays du Maghreb ne sont pas les seuls en lice. Le Sénégal et l’Ouganda sont également dans la course et veulent accueillir le siège de l’Agence africaine du médicament tant attendue. À ce jour, tous les candidats tentent de rallier le plus de soutien possible. Entre-temps, un rapport d’évaluation sera présenté avant la première réunion de la Conférence des États membres, prévue en juin prochain. La décision prise par cet organe sera ensuite soumise à l’Assemblée de l’UA.

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