La capacité à amortir les conséquences économiques de la pandémie du Covid-19 et au-delà, à rebondir, est sans doute le stress-test le plus complexe auquel aient été jamais confrontés les pays africains. Encore plus que celui des plans d’ajustement structurel inspirés par les ayatollahs du libéralisme à Washington et les technocrates du FMI. Pour l’après-covid, il ne s’agit pas de retrouver le «poids de forme» compatible avec la situation des finances publiques et de la balance de paiement, mais de relancer l’économie dans un contexte d’incertitude où la majorité des fondamentaux sont au point mort.
Excepté l’or, les cours du pétrole et de la plupart des produits de base dont dépendent tant les économies africaines, se sont effondrés. Les grandes économies consommatrices, la Chine et les pays de l’OCDE, traversent une récession jamais vue depuis la grande crise des années 1930. Plus au nord du continent, le Maroc, l’Egypte et la Tunisie affrontent la quasi-disparition de l’industrie touristique, un des piliers de leur économie. De l’hôtellerie aux agences de voyages en passant par l’artisanat, le transport et les prestataires amont, tout l’écosystème de ce secteur est à l’arrêt. Les dégâts sociaux sont d’ores et déjà colossaux. Des centaines de milliers d’emplois se sont évaporés charriant au passage des risques de déstabilisation. A ceux-là, il faut ajouter des millions d’invisibles qui vivent au jour le jour.
Les gouvernements qui ont pu, ont déployé des aides d’urgence pour les ménages les plus pauvres. Mais l’écrasante majorité des États africains ne possèdent pas de mécanisme d’assurance-chômage ni de ressources pour organiser un dispositif d’allocations sociales. Pour ces États, l’après-covid nécessitera des politiques dont l’ingénierie ne figure dans aucun manuel d’économie. C’est en cela que le Covid-19 révèlera la qualité des fondations des économies du continent.
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