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Enquête HCP : la migration forcée au Maroc à la loupe

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Le Haut-Commissariat au plan (HCP) a rendu publique ce lundi une note sur la migration forcée au Maroc. Cette enquête, qui a concerné les migrants âgés de plus de 15 ans, comprend les migrants en situation administrative irrégulière, les migrants régularisés, les réfugiés et les demandeurs d’asile dans le Royaume. Voici les résultats de cette enquête qui a couvert un échantillon de 3.000 migrants.

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Pourquoi les migrants de l’Afrique subsaharienne et de certains pays arabes se rendent-ils au Maroc ? Dans quelles conditions ? Quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent en cours d’émigration ? Qui sont-ils ? Cette note du HCP présente les résultats d’une enquête qui a concerné 3.000 migrants, dont 2.200 migrants régularisés ou en situation irrégulière et 800 réfugiés ou demandeurs d’asile. Elle s’est focalisée sur les migrants originaires de l’Afrique subsaharienne et d’autres nationalités (Syriens, Libyens, Irakiens et autres) forcées par les circonstances de se trouver sur le territoire marocain.

Dominance masculine

Presque trois migrants sur cinq sont des hommes (59,3%). Le taux de féminisation des migrants est de 40,7%. Ce dernier atteint son niveau le plus élevé parmi les migrants originaires de la République Démocratique du Congo (53,8%) et de la Côte d’Ivoire (53,6%). Cependant, il est plus faible parmi les migrants originaires de la République Centre-Africaine (32,8%), du Mali (29,9%) ou encore de la Guinée (27,6%). Les autres pays sont dans une situation intermédiaire.

86,2% des migrants sont âgés de 15 à 44 ans

Un peu moins de deux migrants sur cinq sont des jeunes âgés de 15 à 29 ans (42,5%), une proportion presque équivalente est âgée de 30 à 44 ans (43,7%). La part des migrants âgés de 45-59 ans est de 12%. Enfin, une infime minorité est âgée de 60 ans et plus (1,7%). Près de neuf migrants sur dix ont donc une moyenne d’âge inférieure à 45 ans.

La grande majorité des migrants sont arrivés pour la première fois au Maroc récemment

D’après le rapport, une grande majorité de migrants (88,2%) sont arrivés au Maroc pour la première fois, entre 2010 et 2021. Cette proportion est plus élevée parmi les jeunes âgés de 15 à 29 ans avec 97,8% contre 61,1% pour les adultes de 45-59 ans et 70% pour les personnes âgées de 60 ans et plus. Elle atteint notamment 91,7% parmi les migrants de sexe féminin contre 85,8% pour ceux de sexe masculin.

Pourquoi le Maroc en particulier ?

La sécurité et de meilleures conditions de vie sont les principales motivations du choix du Maroc comme destination. 19,1% des sondés ont choisi de venir au Maroc principalement en raison de la sécurité qui y prévaut (19,3% parmi les hommes et 18,9% parmi les femmes). La deuxième raison évoquée est liée à de meilleures conditions de vie au Maroc. 18,1% des sondés ont choisi le Maroc pour ses conditions de vie (17,2% parmi les hommes et 19% parmi les femmes).

Par ailleurs, d’autres considérations sont évoquées, dont les conseils et recommandations des membres de la famille (10,7%), le transit par le Maroc vu sa proximité de l’Europe (10,6%), les études (7,9%), l’existence de politique d’immigration offrant plus de droits aux migrants (6,1%), la facilité de s’y rendre (4,2%) et le mariage ou regroupement familial (4%).

Plus d’un réfugié sur deux est syrien

54,4% des migrants sont d’origine syrienne, viennent ensuite les Yéménites avec une part de 12,3%, suivis des Centrafricains (9,9%) et des Ivoiriens (4,5%). En ce qui concerne le coût d’arrivée sur les terres marocaines, le voyage des migrants jusqu’au Maroc coûte en moyenne 1.940 dollars américains. Ce coût est le plus élevé parmi les Syriens (3.760 dollars), les Yéménites (2.280 dollars) et les ressortissants de la RDC (2.020 dollars). De l’autre côté, il est le plus faible chez les Guinéens (1.040 dollars) et les Sénégalais (920 dollars).

La guerre et l’insécurité, premières raisons de migration

Plus d’un tiers des migrants (39,1%) ont quitté leur pays d’origine principalement pour des raisons liées à la guerre, l’insécurité et la persécution. La recherche d’emploi ou l’amélioration des conditions de vie viennent en seconde position avec 36,7%. L’éducation et la formation sont évoquées par 14,1% des migrants. Le regroupement familial (mariage ou rejoindre la famille) se place en 4e position avec 4,7% des migrants et concerne relativement plus les femmes (8,9%) que les hommes (1,8%).

Le manque d’argent, principale difficulté durant l’émigration

Un peu moins de la moitié des migrants (44,5%) ont mentionné avoir rencontré des difficultés en cours d’émigration. Les principales difficultés sont par ordre d’importance, le manque d’argent (17,7%), l’épuisement physique dû à la marche, la faim et la soif (17,5%), la violence physique et psychologique (13,7%), le harcèlement sexuel ou viol 7,8% (17,7% parmi les femmes et 1,7% parmi les hommes), l’arrestation et la détention (7,7%) et le refoulement, expulsion et déportation (6%). Le HCP a également fait remarquer que 4,3% de femmes ont subi une grossesse ou un accouchement lors du voyage.

Rappelons que c’est la deuxième phase de l’enquête HCP sur la migration qui a été publiée ce lundi. La première phase avait porté sur les Marocains résidant à l’étranger, les migrants de retour et les intentions d’émigration des Marocains. Le rapport de cette première phase avait été publié sur notre site en juillet 2020.

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