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Maroc-Allemagne : les raisons du conflit

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Lalla Zohour Alaoui, ambassadrice du Maroc en Allemagne, a été rappelée pour consultations par le ministère des Affaires étrangères. Dans un communiqué publié ce jeudi 6 mai, le département de Nasser Bourita a expliqué les raisons de la rupture avec cette puissance européenne et mondiale. Des raisons que l’Allemagne dit “ne pas comprendre”.

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Entre le Maroc et l’Allemagne, une crise diplomatique s’est bel et bien installée. Deux mois après la décision du Maroc de suspendre tout contact avec l’Ambassade d’Allemagne au Maroc, voilà que le Royaume rappelle son ambassadeur à Berlin pour consultations. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a expliqué les raisons qui l’ont poussé à rappeler son ambassadeur.

«L’Allemagne s’est démarquée par une attitude négative sur la question du Sahara marocain. Son activisme antagonique, à la suite de la Proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara, est un acte grave qui demeure jusqu’à présent inexpliqué», indique le communiqué. La tutelle a également remarqué «un acharnement continu à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen, en tentant d’écarter, indûment, le Royaume de certaines réunions régionales consacrées à ce dossier comme celle tenue à Berlin», poursuit la même source. Autre point mentionné par le département de Nasser Bourita, «la complicité des autorités du pays à l’égard d’un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains à leurs homologues allemands».

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Le communiqué ne cite pas de nom, mais d’après l’AFP, il s’agirait de Mohamed Hajib, un Germano-Marocain condamné en 2010 au Maroc à dix ans de réclusion pour « terrorisme », une sentence ramenée à cinq ans début 2012. Ce dernier qui réside aujourd’hui en Allemagne publie régulièrement des attaques critiques à l’encontre de son pays natal sur les réseaux sociaux.

Toujours selon l’AFP, «le rappel d’un ambassadeur pour consultation est un signal de mécontentement diplomatique assez rare, d’autant plus que, dans ce cas, il n’a pas été précédé par la convocation d’usage de l’ambassadeur allemand».

L’Allemagne dit «ne pas comprendre»ces accusations

Le ministère allemand des Affaires étrangères a indiqué ne pas avoir été informé par avance de la décision marocaine et «ne pas comprendre les accusations» proférées par Rabat. «Nous sommes d’autant plus surpris par cette mesure que nous faisons des efforts constructifs avec la partie marocaine pour résoudre la crise», indique le ministère allemand qui précise avoir «demandé une explication» aux autorités marocaines.

Contacté par nos soins, Abdelhamid Benkhattab, politologue et professeur universitaire à Rabat, indique que cette décision n’est pas vraiment dramatique. «Depuis l’indépendance, les relations maroco-allemandes ont été normales et raisonnables, mais n’ont jamais atteint le seuil des relations qui lient le Royaume avec la France, l’Espagne et l’Angleterre», indique le professeur.

Pour ce dernier, il y a aussi une autre raison derrière ce conflit, l’exploitation de minerais dans la région.«L’Allemagne exploite en Afrique du Nord des minerais très importants pourl’industrie allemande, précisément l’industrie numérique. Le pays fait les yeux doux à l’Algérie pour exploiter ses terres rares et aurait pu négocier avec le Maroc pour faire de même, mais ne l’a pas fait. Ils ont préféré tendre la main au Polisario et à l’Algérie dans l’espoir de maximiser leurs chances d’accéder à ces terres rares», souligne Benkhattab.

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Ce dernier estime que l’Allemagne ne changera pas d’attitude dans un avenir proche à l’égard du Maroc. «La réponse allemande montre que ce pays fait la sourde oreille aux revendications marocaines. Ils se sont tournés vers l’Algérie, non pas parce qu’ils aiment l’Algérie, mais parce qu’ils ont besoin de ces terres rares pour concurrencer le monopole de la France sur les terres africaines et développer davantage leur économie».

Néanmoins, à moyen et long terme le spécialiste de la politique étrangère pense que l’Allemagne sera amenée à revoir sa stratégie dans la région. «L’accès en Afrique subsaharienne et surtout dans les pays francophones ne peut pas se faire sans l’aide du Maroc», indique Benkhattab.

«S’ils estiment qu’ils sont capables d’agir dans ces pays-là, en dépassant le Maroc, ils se trompent. Historiquement, leur passage en Afrique subsaharienne a été fracassant et même sanguinaire, leur come-back en Afrique ne peut pas se faire en négligeant les intérêts vitaux du Maroc», note-t-il.

Rappelons enfin qu’en mars dernier et suite à l’annonce de la suspension de tout contact avec l’ambassade d’Allemagne au Maroc, l’Allemagne avait décidé de suspendre jusqu’ànouvel ordre les demandes d’octroi de visas Schengen pour les Marocains.

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